L'enclos paroissial, avant tout lieu de rencontre des morts et des vivants,
se compose généralement d'une porte, parfois une arche,
d'un mur d'enceinte, d'un calvaire, d'un cimetière, d'un ossuaire
et bien sûr d'une église.
Aux XVIème et XVIIème siècles, la Bretagne est riche,
notamment avec la culture du lin et la vente de toiles à l'étranger,
et son sentiment religieux est particulièrement fort ;
les paroisses deviennent prospères,
elles se lancent donc dans la construction de ces enclos,
et se jalousent parfois
ce qui peut expliquer une certaine disproportion entre petits villages
et enclos majestueux.
Une petite route du Léon circulant
entre champs d'artichauts, d'échalottes et de choux-fleurs,
et nous voilà à Berven :
une porte triomphale Renaissance,
une église du XVIème avec son clocher à lanterneaux et balustrades,
un ensemble intéressant avec toutefois ... un bémol,
l'église est fermée pour des raisons de sécurité ...
Entourée de vieilles maisons, dans un cadre bucolique,
la chapelle Notre-Dame de Lambader n'est pas ceinte d'un enclos
mais possède à proximité un très beau calvaire
ainsi qu'une fontaine située en contre-bas ornée d'une piéta.
Haute flèche de 58 mètres,
clocher-porche
et jubé gothique flamboyant en bois
font de cette chapelle un monument particulièrement remarquable.
Arrêt repas au pied de l'enclos de Bodilis :
église entourée d'un cimetière,
le tout cerné de murs séparant l'espace sacré du monde profane.
Porche renaissance (1602) et portail gothique (1570),
somptueux rétables,
fonts baptismaux surmontés d'un baldaquin de forme héxagonale,
très belles statues, ...
Balade dans Landivisiau
qui a été longtemps un important centre d'élevage du postier breton,
des foires aux chevaux subsistent d'ailleurs encore au printemps et à l'automne.
Beau porche du XVIème conservé au moment de la construction de la nouvelle église.
Saint-Thégonnec,
peut-être un des plus imposants, ayant demandé près de deux siècles de construction,
avec un ossuaire contenant dans sa crypte une superbe mise au tombeau,
un calvaire des plus grands de Bretagne
et l'église dont seul le clocher est un vestige de l'ancien édifice,
fusion de style Renaissance et des premières influences du baroque italien.
Guimiliau,
encore plus spectaculaire que Saint-Thégonnec,
on y retrouve tous les éléments d'un enclos ...
la porte triomphale,
le grand calvaire comportant plus de 200 personnages,
l'église de style gothique flamboyant avec des réminiscences Renaissance,
le cimetière,
l'ossuaire,
la grande sacristie en forme d'abside rajoutée au XVIIème, ...
Tous plus beaux les uns que les autres,
parfois un peu trop fastueux,
c'est avec celui de Lampaul-Guimiliau, le plus ancien de ce circuit,
que nous terminons cette première journée de visite.
Récemment restauré,
il est moins spectaculaire que les deux précédents,
par contre l'église est superbe (1553) :
poutre de gloire particulièrement belle,
baptistère polychromé,
remarquables rétables, ...
Belle aire de stationnement à deux pas d'un lavoir,
endroit idéal pour une bonne nuit.
Quatre enclos plus modestes,
sur la route du lendemain matin,
comme celui de Locmélar qui mérite une visite :
intéressant petit calvaire de 1560,
petite sacristie avec son toit en carène renversée,
porche Renaissance avec les douze apôtres,
église dédiée à saint Mélar et saint Hervé
abritant des rétables les concernant, ...
A quelques kilomètres, Sizun et sa triple porte triomphale,
sa chapelle-ossuaire à la façade au décor hétéroclite,
son clocher-porche,
ses rétables,
ses banières brodées au fil d'or, ...
Commana,
petit village au pied de la montagne d'Arrée,
peut s'enorgueillir de posséder le clocher le plus haut perché de Bretagne
et son enclos tient sa place parmi tous les autres :
une porte monumentale rustique à lanternons,
un ossuaire sobre,
et l'église saint-Derrien, (extérieurement plus austère que les précédentes),
avec ses splendides rétables comme celui de l'autel Sainte-Anne,
son baptistère orné de statuettes représentant les vertus, ...
Saint-Herbot, enclos atypique, avec
son imposante tour-clocher de style gothique flamboyant,
son calvaire représentant des scènes d'une vingtaine de personnages
sculptés sur le haut,
sa chapelle avec un superbe chancel en chêne,
son grand vitrail de la passion, ...
L'ermite saint Herbot était réputé pour guérir les bêtes à cornes,
d'ailleurs, les fidèles déposaient (et déposent encore)
des queues de vaches et du crin de chevaux
sur les tables de pierre posées devant le choeur.
C'est avec ce dernier enclos que se termine, pour cette fois-ci,
notre découverte de quelques uns de ces trésors architecturaux religieux,
spécifiques à la Bretagne...